- brouter
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• v. 1275; broutter déb. XIIIe; broster, brusterXIIe; de l'a. fr. brost → brout1 ♦ V. tr. Manger en arrachant sur place (l'herbe, les pousses, les feuilles). ⇒ paître. Chaque brebis « ne peut brouter une herbe rare que dans l'étroit rayon de la corde » (Renan). — Absolt PROV. Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute : il faut s'accommoder de sa situation.2 ♦ V. intr. (1803 ) Se dit d'un outil tranchant (rabot) ou d'un organe mécanique (embrayage) qui fonctionne de manière irrégulière et saccadée. Voiture qui broute au démarrage, qui avance par à-coups.brouterv.d1./d v. tr. Paître de l'herbe, des feuilles vertes. Les moutons broutent l'herbe.|| (S. comp.) La chèvre broute.— (Djibouti) Fig. Mâcher du khat. Ce soir, pour la fête, nous brouterons.d2./d v. intr. TECH Couper par saccades et d'une façon irrégulière (outils).|| Entrer en action de façon saccadée, en parlant d'un embrayage, d'un système de freinage, d'une machine.⇒BROUTER, verbe trans.A.— [Le suj. désigne un mammifère herbivore] Manger l'herbe, les jeunes pousses, les feuilles des arbres en les arrachant sur la plante, sur l'arbre même :• 1. Les harmonies animales du blé consistent principalement dans la longueur de ses feuilles, dans la souplesse et la tendreté de ses tiges qui invitent tous les animaux pâturants à les brouter, et même à y faire leur litière.BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, p. 55.• 2. Et l'animal sans mains broute au hasard, s'attachant à l'herbe par les dents.CLAUDEL, La Jeune fille Violaine, 2e version, 1901, I, p. 588.♦ Absolument :• 3. Deux chèvres y broutaient, qui s'enfuirent à mon approche, me laissant maître de la place, où je m'assis auprès de jeunes aunes qui croissent en ce lieu.TOEPFFER, Nouvelles Genevoises, 1839, p. 334.♦ Proverbe. Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute. Il faut savoir accepter l'état, la situation où l'on se trouve.B.— P. métaph. [En parlant de mécanisme, d'outils] Fonctionner de façon saccadée et irrégulière :• 4. Le quarz [qui entre dans la composition de la pâte] est grillé(...) puis(...) finement broyé dans les moulins à blocs poussés qui broutent et sautent beaucoup.A. BRONGNIART, Traité des arts céramiques, 1844, p. 150.• 5. Elles [les vibrations] font brouter les outils.R. CHAMPLY, Nouv. encyclop. pratique, t. 1, 1927, p. 248.PRONONC. ET ORTH. :[], (il) broute []. BUBEN 1935, § 23, rappelle que brouter (germ. brustjan) fait partie des mots dans lesquels ,,la suppression d'un son n'est pas indiquée par l'accent sur la voyelle``.ÉTYMOL. ET HIST. — 1. 1165-70 broster « manger sur place l'herbe ou les feuilles des arbres » (B. DE STE-MAURE, Troie, 13386 dans T.-L.); ca 1223 broutter (G. DE COINCY, Mir-Vierge, 402, 90, ibid.); ca 1275 brouter (J. DE MEUNG, Rose, 20879, ibid.); 2. 1803 « sautiller (du rabot) » (BOISTE).Dér., avec dés. -er, de l'a. fr. brost « jeune pousse d'arbre » (cf. brout), issu du subst. a. b. frq. brust « bourgeon » (EWFS2; GAM. Rom.2, t. 1, p. 323; v. aussi FEW t. 15, 1, p. 316a), lui-même à rattacher au verbe a. b. frq. brustjan que l'on peut déduire de l'a. sax. brustian « bourgeonner ». L'hyp. qui consisterait à partir du verbe (REW3, n° 1344), fait difficulté étant donné que brustjan ne semble pas pouvoir expliquer broster.STAT. — Fréq. abs. littér. :317. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 437, b) 586; XXe s. : a) 395, b) 420.BBG. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 25. — SAIN. Lang. par. 1920, p. 411.brouter [bʀute] v.ÉTYM. XIVe; broster, bruster, XIIe; de l'anc. franç. brost, du germanique brust « bourgeon » (→ Brout), à rattacher à brustjan « bourgeonner »; Guiraud rattache les deux formes brouster et brouter à deux rad. distincts, l'un germanique brust, d'où un lat. pop. bruscitare, puis brouster; l'autre gotique brut, d'où un lat. pop. broccitare. → Brout.❖———I V. tr.1 Manger en arrachant sur place (l'herbe, les pousses, les feuilles). ⇒ Paître. || Un âne, un troupeau broutait l'herbe du pré. ⇒ Tondre. || Taillis brouté. ⇒ Abrouti.1 Ce n'est donc pas proprement de l'herbe, ni des choses tombées à terre que broutent les animaux, mais bien des broutilles, des bouts de branches d'arbre (…) vers lesquels il faut que l'animal élève ou tende la gueule pour saisir sa nourriture.Lafaye, Dict. des synonymes, Brouter.2 Dans les maigres pâturages des îles de Bretagne, chaque brebis du troupeau, attachée à un pieu, ne peut brouter une herbe rare que dans l'étroit rayon de la corde qui la retient.Renan, Œ. compl., t. I, III, p. 225.♦ Figuré :3 Je sais que jamais un vrai grand homme n'a pensé qu'il fût grand homme, et que, quand on broute sa gloire en herbe de son vivant, on ne la récolte pas en épis après sa mort.Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, 4, p. 253.4 Paissons l'herbe, broutons; mourons de faim plutôt.La Fontaine, Fables, X, 5.♦ ☑ Prov. Où la chèvre est attachée, il faut qu'elle broute : il faut savoir s'accommoder de la situation où l'on est.♦ Par ext. Zool. (en parlant de poissons, de mollusques marins). Se nourrir d'algues (⇒ Brouteur). || Les patelles broutent. — Trans. || Certains poissons broutent les algues.2 Fam. (érotique). || Brouter (qqn, les parties sexuelles de qqn) : pratiquer des caresses buccales (des parties sexuelles). ⇒ Sucer.5 Tu deviens actif, soudain ? Un taureau, ma parole (…) Oui, mon chou, mords-moi, broute-moi. J'ai un goût d'algue, et d'huître et de pain pas entièrement cuit.Alain Bosquet, les Bonnes Intentions, p. 258.———II V. intr. (1803). Se dit d'un outil tranchant (rabot, en particulier) qui agit de façon irrégulière et saccadée, ou d'un accouplement mécanique (embrayage) qui fonctionne par saccades. ⇒ Broutage. || L'embrayage broute, il faudra changer le disque.♦ Par ext. (en parlant de l'utilisateur de la machine défectueuse) :6 Brouter. — Autrefois réservé aux ruminants. S'applique aujourd'hui aux freins des automobilistes, et aux automobilistes eux-mêmes, dont on dit qu'ils broutent comme ils font de l'huile.Pierre Daninos, le Jacassin, p. 124.➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.❖DÉR. Broutage, broutard, broutement, brouteur. — Broutant, brouture.
Encyclopédie Universelle. 2012.